2 ordinateurs (utilisant des algorithmes de reconnaissance faciale), 2 performeurs, électronique, vidéo
durée: 25'
2018
Pour deux performeurs, deux webcams, deux ordinateurs (utilisant des algorithmes de
reconnaissance faciale), vidéo et électronique en temps réel
Composition, chorégraphie et programmation © Daniel ZEA
Interprétation, Anne Gillot, Mauricio Carrasco et Daniel Zea (Ensemble Vortex) Cette pièce beneficie d’une résidence de composition du ZKM
Durée: environ 25 minutes
Création le 25 novembre 2018 au Kubus du ZKM Zentrum for Kunst und Medien, (Karlsruhe, Allemagne)
Il y a deux enjeux majeurs que je veux aborder dans cette pièce, qui s’avèrent paradoxaux.
Dans notre société de la communication et de l’image, la reconnaissance faciale est omniprésente. Des algorithmes des moteurs de recherche, des systèmes de vidéosurveillance des états, des réseaux sociaux, et des téléphones intelligents suivent notre visage y mettant une étiquette. La plus expressive fenêtre de notre personnalité est devenue ainsi outil de marketing, de statistique, et de contrôle étatique et policière.
En outre, la banalisation des visages, omniprésents dans les réseaux sociaux, fait d’eux des masques, des fictions narcissiques.
Mais notre visage reste notre visage. Il est expressif à son insu, et cette propriété a été utilisée par les arts depuis toujours. Le cinéma a sans doute su exploiter son pourvoir communicatif des émotions.
Cette dualité du visage-expressif / visage-déshumanisé, est mise en scène dans “The Love Letters?” Qu’est-ce qui peut transcender dans une communication entre deux visages interfacés par un réseau de machines? Qu’elles sont ces lettres d’amour qui peuvent être générées par des algorithmes?
Deux interprètes face à face, devant leurs ordinateurs. Chaque mouvement et chaque geste facial est traqué, reconnu et converti en signal de contrôle. Un clignement des yeux, une grimace, un détournement du regard deviennent ainsi de la musique, et du texte. Ce qui évoque notre visage est contrasté par ce qui est généré par la machine. Quoi peut-on comprendre de cette absurde communication multicouche?
Cette œuvre est une mise en évidence de la fragilité de notre société contemporaine face à la technologie. Une idée j’ai développé dans mes dernières pièces de performance-hybrides: The Fuck Facebook Face Orchestra et Kinecticut.