22/3/2015 17:00, Théâtre Pitöeff, Salle communale de Plainpalais
Journée portes ouvertes et vernissage du festival au théâtre Pitoëff, Maison communale de Plainpalais
Le Festival Archipel a joué un rôle décisif dans l'essor de Vortex en accueillant l'ensemble pour huit concerts depuis sa fondation il y a 10 ans. Pour fêter cet anniversaire, Archipel invite Vortex à présenter une série de performances musicales, chorégraphiques et électroacoustiques au cours de la journée d’ouverture:
FFFO (The Fuck Facebook Face Orchestra)
Chorégraphie sonore pour quatre performers et quatre ordinateurs (+ 4 kinects et 4 projecteurs vidéo) (2015)
Miroir des temps post-télévisuels.
Ballade pour l’enthousiaste stupidité de la société fascinée par la technologie.
Musique sans instruments. Danse absurde. Aucune relation n’est plus possible.
Reste l’homme devant sa machine, fasciné et englouti dans une boucle insensée.
FFFO, part du même principe technique que Kinecticut. Une camera infrarouge trace en continu les mouvements des performeurs. Plusieurs points dans la kinésphère de chaque danseur, servent à déclencher des changements dans un univers sonore artificiel. Les danseurs-musiciens activent ces points-gâchettes par leur mouvement, tout en modulant plusieurs paramètres sonores par la position de leur tête, et des articulations de leur corps.
Trash TV Trance
Dans Trash TV Trance, Fausto Romitelli pousse le raisonnement jusqu’à l’extrême, au service d’un discours résolument engagé en même temps que distancié — dans un esprit parfaitement résumé par le titre de la pièce — sur ce qu’on laisse parfois s’échapper des multiples appareils diffuseurs de sons et d’images qui meublent notre quotidien. Le guitariste (électrique) est seul en scène, avec un certain nombre de pédales d’effet disposées à ses pieds — rien d’extraordinaire, ce sont des pédales que la plupart des guitaristes de rock utilisent tous les jours. Solo délirant et plein d’humour, où le théâtral de jeu de l’interprète joue un rôle aussi important que son phrasé nerveux, haché, saturé jusqu’à l’interruption, l’œuvre procède par boucles obsessionnelles et zapping frénétique, larsens et faux contacts, tout en libérant par instants quelque envolée lyrique improbable et fragmentaire. Une œuvre sombre et drôle, mélancolique et puissante, tout à la fois.
Kinecticut
Chorégraphie sonore pour quatre performers et quatre ordinateurs (+ 4 kinects) (2012)
Comme dans une ville imaginaire, quatre personnes se retrouvent à nue devant leurs machines. Ballade de l’impossibilité.
Composition, chorégraphie et programmation, Daniel ZEA (2012)
Kinecticut est une chorégraphie sonore joué par trois, quatre ou cinq musiciens-danseurs nus devant leur ordinateur.
Chaque performer exécute une partition de mouvement qui s'affiche sur l'écran de l'ordinateur et et qu'il fait dérouler le long du concert/performance. Cette chorégraphie est captée par une camera infrarouge qui traduit les données spatiales en données sonores: différents parties du corps contrôlent les fréquences et la densité sonore des oscillateurs et des filtres que font partie de la synthèse sonore, le bassin active le volume. L'instrument musicale devient ainsi la distance entre le corps et la machine: espace de la relation entre l'homme et l'ordinateur. Le dialogue se compose des choix des mouvements de l'homme et, de la part de la machine, des impositions temporelles et verbales. L'homme et la machine sont acteur et spectateur, actif et passif en même temps. La suprématie de l'un sur l'autre n'est pas établie ou déterminée.
La machine a, cela dit, incorporé et phagocyté les discours sur elle même de l'ère technologique et capitaliste produits par les philosophes et écrivains contemporains* et l'impose à l'homme en le soumettant à son écoute de façon silencieuse et immobile. Là où une possible victoire de la machine sur le homme est entrevue, le mouvement et l'action du corps reprennent le dialogue qui active l'espace sonore. L'un a besoin de l'autre pour continuer à jouer.
Chaque performer a une partition différente avec des instructions à exécuter mais ils font partie d'un seul ensemble; une micro société d'une ville imaginaire décrite par une voix émise par l'ordinateur. Les musiciens danseurs composent ainsi une géographie corporelle et sonore partagée: ballade de l'impossibilité.
* (les textes de la pièce sont fragments de: "Synopses" de Richard Kostelanetz, "Tentative d'épuisement d'un lieu parisien" de Georges Perec, "La Société du Spectacle" de Guy Debord et quelques citations des pages web des réseaux sociaux.