flûte Paetzold, guitare, tombak + électronique, violon
durée: 20:00
2023
Mon travail explore le rapport ambivalent que j'entretiens avec mon pays d'origine : l'Iran. Comme depuis ma naissance je ne peux pas y aller, pour des raisons politiques, cette culture me semble à la fois proche et distante, familière et étrangère, tangible et évanescente.
Pour composer cette pièce, je me suis inspiré librement du zurkhaneh, un lieu traditionnel où les iraniens pratiquent le varzesh-e bāstāni, un sport séculaire véhiculant des valeurs morales et héroïques. Ces salles de sport antiques, sorte de temples hors du temps, sont le théâtre d'un art musical par le présence du morshed (le maître de cérémonie), scénographique par son architecture circulaire et creusée, et chorégraphique par les mouvements coordonnés des athlètes. La force rituelle de cet art m'a frappé, et depuis que je l'ai découvert, je n'ai cessé de me renseigner dessus.
La double culture introduit une déformation, un trouble de la vision. Je suis iranien mais j'ai grandi en France, à Paris, dans un milieu occidental privilégié. Le rapport que j'entretiens avec l'univers du zurkhaneh est de facto déformé par le prisme d'internet, seule fenêtre qui s'ouvre pour moi sur cette pratique. Comme dans mon précédent projet Quelques calices pleins, où je construisais inlassablement des ersatz de tombak (instrument à percussion traditionnel), je compte ici dévoiler un ersatz de zurkhaneh. Ma version altérée, distordue, décalée.