clarinette, contrebasse, flûte, guitare électrique, hautbois, percussion, violon, violoncelle
durée: 16:30
2010
« Odradek »
Dédiée à Oliviero Pendino Garnero, Francisco Huguet et Santiago Diez Fischer.
Les paradoxes de la répétition
Ce qui se révèle paradoxal ici est le fait que, en étant une pièce axé sur la répétition, rien n’a le temps de s’affirmer. La boucle accomplie à la fin une tâche destructive plus qu’assertive. Loin d’emphatiser chaque chose énoncée, elle le met en doute. Elle se trouve dépouillée de son sens primordial par des biais très simples : rien n’est répété littéralement, chaque répétition est érodée par filtrage ou addition, contraction ou dilatation, etc. Tout est « surimprimé » et « troué’ . Chaque composante des organismes sonores résultants, peut être échangée et recombinée, créant à son tour des nouveaux ou devenant elles mêmes des tels entités.
Cette manière de procéder laisse à la perception peu de temps pour établir des liens et suscite une certaine anxiété associative qui ne pourra jamais être rassasiée.
Tout peut disparaître de façon soudaine pour ne revenir ailleurs plus tard (ou jamais), dans un autre contexte, ayant une fonction opposée ou détruisant justement la notion de « fonction », ou tout au moins déplaçant l’idée primitive qui l’était assignée.
Certaines choses sont données à entendre qu’une fois, d’une façon fugace, sans souci de son « historicité » dans la pièce.
Aucune forme, aucune totalité n’est possible à saisir. Fragment, prototype, esquisse ; la réalité opère dans « Odradek », il semble, au contraire de ce qui tente la perception.