gris 257

Andreas Stauder

contrebasse, hautbois, violon

durée: 15:00

2010

Interprètes
Jocelyne Rudasigwa
Rada Hadjikostova
BĂ©atrice Zawodnik

Si l’on s’inquiète de ce que j’ai voulu dire, je réponds que je n’ai pas voulu dire mais voulu faire et que c’est cette intention de faire qui a voulu ce que j’ai dit.
Paul Valéry, cité par Claude Simon, Discours de Stockholm

Au début de cette pièce, comme des précédentes, il y a un vaste magma d’éléments, tout à la fois des projections d’espaces symboliques possibles, qualités expressives, considérations techniques. Dépouillement et exubérance, sévérité et double-fonds. Les effets de focalités fortes, leurs rencontres et leur suspension, la qualité de l’ancrage local - ou du défaut de celui-ci, plus essentiellement : focalité et multiplicité, ambiguïté, ellipse. Les qualités organiques ou non, langagières ou non, de l’articulation et de la cohésion locales ; plus essentiellement, la qualité d’empreinte perceptible de l’écriture, ou de non empreinte ; l’artificialité comme qualité expressive propre.

Plus immédiats, plus suggestifs à l’imagination, il y a les précédents, « car l’art s’autogénère pour ainsi dire par imitation de lui-même : de même que ce n’est pas le désir de reproduire la nature qui fait le peintre mais la fascination du musée, de même c’est le désir d’écrire suscité par la fascination de la chose écrite qui fait l’écrivain, la nature se bornant pour sa part, comme le disait spirituellement Oscar Wilde, à « imiter l’art »…» (Claude Simon, ibid.). Les phases initiales du travail, de celui-ci comme des précédents, procèdent par palimpseste des entreprises antérieures, par développement et réinterprétation d’éléments de celles-ci. Au-delà, il y a les grands modèles extérieurs, l’énergie que leur présence inspire. Parmi de nombreux possibles : Alban Berg pour l’extrême densité fonctionnelle de l’écriture, sa multiplicité expressive ; Bernd Alois Zimmermann pour l’harmonie précaire entre sévérité, exubérance et légèreté ; Claude Simon pour la capacité de son écriture à toucher le monde par la réunion d’un dépouillement absolu et d’une complexité rythmique phénoménale.

Je ne sais quel tour elle prendra la pièce. C’est là l’essentiel : comment faire que, par la sédimentation du travail accumulé, quelque chose puisse émerger qui, je l’espère, ne sera pas réductible à la platitude inévitable des intentions initiales, et qui, peut-être, comportera un surplus, une certaine qualité d’ellipse. 

Concerts
Archipel 2010